lundi 19 février 2007

Adieu ma grand-mère

Mes amis, encore une triste nouvelle à vous faire partager. Ma grand-mère est morte ce matin à cinq heures. Elle souffrait de la maladie d'Alzheimer depuis quelques années. Jeudi, elle avait fait un AVC. Elle ne s'est jamais réveillée. Je crois qu'elle avait renoncé. Plus envie de vivre, sans doute, dans ses rares moments de lucidité. C'est triste la mort. Même quand on s'y attend, elle vous prend par surprise.
A plus de quatre-vingt ans, je me dis qu'elle a eu une jolie vie. Mais j'aurais aimé en profiter encore un peu, juste un peu plus. Sentir encore sa présence agitée. Passer encore un été à l'épier du coin de l'oeil, sans oser m'approcher, de peur qu'elle ne me repousse faute de me reconnaître. M'étonner encore de sa carcasse devenue maigre, engoncée dans ce fauteuil roulant qu'elle ne quittait plus désormais. M'en vouloir encore de ne pas soutenir ce regard que je voulais vide et qui semblait parfois habité. Dans ces moments, j'aurais pu me rapprocher d'elle et je ne l'ai pas fait. Elle détournait alors les yeux, comme résignée. Son regard se perdait dans le vague. Elle balbutiait quelque phrase inaudible en retrouvant les accents de son dialecte natal ; tentait d'attraper une ombre qui passait à portée ; s'agaçait parfois ; riait souvent, d'un rire aussi bref que le souvenir têtu qui la traversait. Puis elle sombrait dans une longue rêverie. Le visage apaisé. Les yeux remplis de bonté.
Je pense à ma maman qui a eu le courage de la garder chez elle pendant ces longues années. A mon père, qui a accepté ce sacerdoce avec toute sa générosité. Et puis je pense à elle, ma grand-mère, ma mamie. Je pense à ses franches parties de rigolade, à ses coups de fourchette - elle aimait tant les pâtisseries, surtout les gâteaux arabes, qui lui rappelaient sa Tunisie. Je pense à mon enfance à ses côtés, quand nous partions en vacances au camping, en Espagne ou en Italie. J'étais toujours levé le premier. J'allais près de sa tente et je toussais fort pour la réveiller. Elle partait m'acheter des croissants et me préparait mon petit-déjeuner. Et nous étions seuls tous les deux.
Je me souviens aussi de son petit appartement près de Montpellier. Des bibelots qu'il ne fallait pas toucher. Des odeurs de cuisine. Chez elle, ça sentait la pizza, la polenta, le couscous, les pâtes fraîches ou les biscuits à l'anis. Toutes ces odeurs étaient parties il y a déjà longtemps, lambeaux de souvenirs perdus dans les limbes d'un esprit qui a trop tôt vacillé. Je voulais croire qu'elle était morte alors. Mais c'est aujourd'hui qu'elle me manque. Je regrette de ne l'avoir pas plus embrassée. Maintenant qu'elle est partie, je suis vraiment son petit-fils. Je sens son sang dans mes veines. Je sens la Sicile, l'île de Malte et la Tunisie. Je sais être de cette lignée. Je suis triste et je suis fier aussi.
Je vous embrasse. Olivier

5 commentaires:

Cyril Floris a dit…

Bonjour à vous 5 en ce jour si triste.
Je viens de découvrir votre blog aujourd’hui, Olivier tu as su mettre des mots sur tous ce que je ressens.
C’est un sacré hommage, à la hauteur de sa personnalité.
Gardons les bons moments passés tous ensemble.
On pense à vous très fort.
Bisous à toute la famille.
Cyril, Valérie, Marine et Clara.

Anonyme a dit…

Une pensée vers vous pour ce jour triste. C' est un bel adieux que tu lui a fait là. Peut être sera-t-elle mieux là où elle est aujourd'hui... dans un endroit où elle s'ignorera moins... Pensée aussi à tes parents à qui ça doit faire un drôle de vide.
Bises à vous 7

Anonyme a dit…

Bonsoir olivier,
Je découvre ce soir ton message et l'annonce très émouvante du décès de ta grand mère. Je ne sais trop que te dire (je redoute tant la maladresse des mots) sinon que je t'embrasse bien fort et bien affectueusement. Ta belle-frangine, claire.

Anonyme a dit…

On pense fort à toi Olivier...
Les étoiles devaient être attirantes ces derniers temps car le papa de Denis est parti la semaine dernière pour les mêmes raisons que ta grand-mère. Depuis là, nos pensées sont avec Lulu là-haut et maintenant avec ta grand-mère...
Plein de bises à vous cinq, on espère vous voir très très bientôt

Aurélie, Denis et Nina

Anonyme a dit…

Attristés nous aussi par la nouvelle du décès de ta grand-mère... émus par tes mots... on pense à toi Olivier et on t'embrasse très fort.

Steph et mumu