mardi 15 mai 2007

Ce que je pense aussi

Ma soeur m'a fait découvrir une chroniqueuse qui me parle. A moi de vous la faire découvrir. Il s'agit de Judith Bernard, dont vous pouvez consulter les billets réguliers sur http://www.bigbangblog.net/rubrique.php3?id_rubrique=5.


"Alors donc c’est fait, ça y est, il a enfin attrapé la queue de Mickey. Depuis le temps qu’il se hissait de tout son petit long pour l’atteindre,mâchoire crispée par l’effort, yeux mi-clos fixant l’objectif, ça y est, il l’a frétillante entre ses doigts ambitieux.
Dans ce jour blême qui hésite entre le printemps et l’automne, je veux croire que ça le calmera, que ça l’apaisera le petit Nicolas, tellement content d’avoir enfin ce joujou dont il rêve depuis la prime enfance qu’il peut désormais le regarder tranquillement, tout désir satisfait, débarrassé de ses tics et de ses coups de menton par le sourire voluptueux de la possession.
Place de la Concorde au milieu de peoples rances qui trémolisaient leur joie grande, il avait l’air décidément bien jeune, porté au faîte par une très très vieille France. Celle qui se lève tôt, certes, mais pour aller pisser, avant de recoucher son arthrose dans des transats à télécommande.
Les chiffres le disent ce sont les retraités qui ont assuré la victoire de Sarkozy, ce sont eux qui depuis leur fauteuil ont l’air de penser qu’on n’en fiche pas une, nous les jeunes allez hop au boulot. Alors que les chiffres disent que les Français bossent déjà beaucoup, avec l’une des meilleures productivités au monde, et une moyenne hebdo de 36,4 heures, plus que les Allemands, bien plus que les Danois. Il a bien huilé son mythe, Sarkozy, et tout le monde l’a cru, allez hop auboulot.
Mais que ne le lui a-t-elle dit tout net, la Ségolène, en deux chiffres : Monsieur Sarkozy vous dites n’importe quoi, juste n’importe quoi ; mais non, ila fallu qu’intarissable, elle pratique l’audace jusque dans la syntaxe, se lançant vol plané dans des périodes à plus de six relatives emboîtées - comment voulez-vous retomber sur vos pieds. Elle avait trop de propositions, trop de prépositions, tout se tient qu’elle disait et c’est vrai mais à force de tout tenir Shiva s’est emmêlé les bras les fiches et les chiffres et le sens a fini au tapis. Et la gauche, avec.
C’est par terre que j’ai passé la soirée électorale, au milieu de miens amis, trentenaires ni bourgeois ni bohêmes, ma vieille bande à moi toujours jeune. Au milieu des enfants qui jouaient en criant déguisés en Princesse et en Robin desBois, on rigolait crânement devant le poste même pas peur même pas mal. On leur a dit chut quand Ségo a parlé, on a redit chut quand Sarko a parlé, et puis on n’a plus dit chut on a laissé faire, puisque décidément tout ça se fait sans nous. On fait des choses pourtant des métiers sérieux prof journaliste architecte avocat ou juge, on fait des choses et des enfants mais on est si peu, on ne compte pas vraiment.
On n’est pas restés très tard : tout le monde se lève tôt, boulot ou pas, de toutes façons avec des enfants en bas âge, faut toujours se lever tôt. Avec nos petits et nos poussettes, on est rentrés se coucher dans la nuit résignée, penchés sur le sourire de nos enfants.On s’est dit : pays de vieux. C’est nous qui sommes une génération à la con."

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