mercredi 22 septembre 2010

Douleur

Je voudrai être légère, sourire, aller bien. C'est une belle journée, douce et ensoleillée. Les enfants rient et s'amusent.

Mais c'était un de mes élèves.

Pendant trois ans, nous avons partagé du temps, des efforts, des rires, parfois des colères. Il ne passait pas inaperçu, Boris. Il m'en a fait des blagues.
Combien de fois ai-je dit: "Mais où est Boris ?" "Mais que fait Boris ?" "Comment as tu fait Boris ?" "Encore toi, Boris !"
Il se cachait dans l'armoire, collait sur les ailes d'une mouche un petit cœur en papier... qui se déplaçait de table en table. Il trouvait souvent une excuse pour venir dans ma classe quand je faisais cour à sa petite amie. Il était capable de se connecter sur Internet en plein devoir et de reproduire en quelques instants une correction intégralement pompée.... Il était souriant, drôle, plutôt désinvolte et fragile, peu sûr de lui.
Il était de ceux qui nous ont offert un repas et des cadeaux en juillet dernier en guise de remerciement et d'au revoir une fois le bac en poche.

Trois ans...

C'était aussi le fils d'un de mes collègues, un collègue usé par l'éducation nationale, dépressif et suicidaire depuis longtemps. Un collègue qu'on ne croisait que quelques semaines seulement dans l'année. Un collègue fier de son fils bachelier après quelques années de galère ! Un père aujourd'hui effondré.

Hier, à 4 heures 30 du matin, Boris a volontairement projeté sa voiture contre un arbre.

Il n'est plus.

J'ai perdu un élève.

Ses copains se sentent désormais orphelins.

Un père et une mère ont perdu leur fils unique.

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